17 octobre 2007

Discussion budgétaire : c'est reparti !

Les discussions sur le budget 2008 commencent enfin à l’Assemblée Nationale. Je vais pouvoir me consacrer à mon passe temps favori : y relever des perles.

Hier, ça commence fort ! Dès les questions au gouvernement (donc avant la discussion sur le budget), Christine Albanel dit ceci : « je n’ai pas du tout l’impression que les médias soient aujourd’hui écrasés par le pouvoir politique (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP). J’ai, au contraire, le sentiment d’une grande indépendance ».

Passons !

Eric Woerth commence la présentation de son texte : « La France est en déficit ».

Il continue : « Il est donc patent que nous approfondissons les efforts antérieurs puisque, sur ce nouveau périmètre, les dépenses avaient augmenté en moyenne de 1,1 % en volume entre 1999 et 2006, et encore de 0,2 % en 2007. L’année prochaine, elles augmenteront de zéro volume. »

Jean-Pierre Brard : « Traduisez en français ! » Il n’a pas entièrement tort : « les dépenses augmenteront de zéro volume »… Voilà ce qui sert de base à une discussion budgétaire !

Le ministre : « C'est ainsi que nous quitterons définitivement les plaines maussades de la croissance molle » ! Quel poète !

Christine Lagarde : « J’en viens maintenant à la priorité des priorités, l'emploi. Notre objectif est de parvenir au plein emploi d'ici à la fin du quinquennat. » Ah !

Le rapport général : « Notre effort, j’y insiste, s’est fait en deux temps : la relance de la croissance en juillet, le projet de budget à présent ». On a tous observé le redémarrage de la croissance en juillet !

Toujours lui : « l’essentiel de la loi TEPA a trait aux heures supplémentaires, mesure qui s’adresse avant tout aux ouvriers, aux employés et aux classes moyennes. Un salarié célibataire au SMIC employé dans une entreprise de moins de 20 salariés qui travaille 39 heures par semaine gagnera ainsi sur l’année - s’il maintient son horaire de travail – presque les trois quarts d’un SMIC supplémentaire. ». Prenez une calculatrice pour rigoler.

Le Président de la Commission (Didier Migaud, un socialiste) : « Le déficit prévisionnel est supérieur à celui de 2007 en exécution. » Le Rapporteur général « Oui, mais nous avons été toujours meilleurs en exécution, et ce, de manière constante depuis quatre ans ! » Ca sert à quoi, alors, de faire des budgets ?

Didier Migaud nous rappelle : « Le Président de la République vous invite, Madame la ministre, à revoir l’ensemble de nos prélèvements obligatoires. Chiche ! Un débat sur l’amélioration de notre fiscalité s’impose en effet : pour la première fois en 2008, l’impôt sur le revenu ne sera que la troisième recette fiscale de l’État, après la TVA et l’impôt sur les sociétés. Le bouclier fiscal ne fait d’ailleurs qu’accélérer ce déclin de l’impôt progressif. »

C’est rigolo d’avoir un type de gauche Président de la Commission des Finances… « Comment le choc de confiance se traduit-il dans ce PLF ? Pourquoi croyez-vous si peu en ses effets ? Pourquoi certains, avec des hypothèses de croissance pourtant plus optimistes que les vôtres, prévoient-ils un déficit plus important ? Qu’arrivera-t-il si vos hypothèses ne se vérifient pas ? S’agit-il là d’un budget de rupture – si oui, avec quoi ? – ou de continuité – et dans ce cas, 2008 risque d’être bien plus mauvaise que ce que vous ne prévoyez ! »

Un député de gauche : « Dites plutôt la vérité aux Français sur la façon dont vous allez financer le déficit, sur les nouveaux impôts que vous préparez. Plutôt que de prolonger le cafouillage sur la TVA, dites aux Français si, après les municipales, et la période de paralysie actuelle, vous allez leur proposer un plan de rigueur et d’austérité. Arrêtez votre course folle vers l’abîme budgétaire, et écoutez la voix de l’Assemblée, c’est la voix de la sagesse »

Eric Woerth : « Dans le PLFSS, vous constaterez le même effort de maîtrise pour les dépenses d’assurance maladie. En effet, les dépenses publiques ont atteint un niveau qui les rend improductives. Trop de dépense publique tue la croissance. » Comme le rappellent les socialos, il est au gouvernement depuis 5 ans !

Le même : « il faudrait quand même se souvenir de l’état dans lequel nous avons trouvé les finances du pays en 2002 : 15 milliards d’euros de dépenses non budgétées venues plomber le déficit, 10 milliards de surévaluation de recettes, 4,5 milliards de dépenses non prévues, trois primes de Noël et l’APA non financées… Bref, beaucoup de bombes à retardement – tout cela pour dire qu’il y a tout de même des limites à la mauvaise foi ! » Qui a eu en charge le règlement du budget ? Qui a commencé à réduire les impôts ?

Justement ! M. Louis Giscard d'Estaing : « Monsieur Cahuzac, avez-vous exercé alors la vigilance critique à laquelle vous nous invitez aujourd’hui ? Le budget 2002, de fait, est l’exemple à ne pas suivre : 17 % de charges non budgétées, une baisse des impôts de 16 % ». Qui a fait cette baisse des impôts ? Ou a-t-on vu qu’on pouvait oublié 17% d’un budget ?

Christine Lagarde : « Nous sommes sur la bonne voie : après le record de l'année 1999, où les prélèvements obligatoires avoisinaient les 45 % du PIB… Mme la Ministre - …le taux s’est stabilisé vers 43 ou 44 %. » Elle oublie juste dire quel était le taux en 2001 : un tel « mensonge républicain » mérite la prison.

Jean-Claude Sandrier : « Pour la première fois depuis longtemps, personne ne croit au projet de budget… Les économistes les plus éminents s’inquiètent. Ou vous vous trompez, et notre devoir est de le dire au pays. Ou vous avez une telle capacité d’anticipation, que vous devez prendre le temps de nous expliquer. Pour faciliter votre travail pédagogique, je vous poserai quelques questions. D’abord, nous serions en faillite, mais nous multiplions les cadeaux – 15 milliards en année pleine – sous prétexte que demain, cela pourrait rapporter gros. Deux éminents professeurs d’économie, l’un de l’université de New York et l’autre de HEC , ont jugé ce budget déconcertant. Le paquet fiscal ne peut redonner à la France le point de croissance qui lui manque. Dès lors, demandent-ils, « dans un État déjà surendetté, comment comprendre le geste du Gouvernement ? » Le Conseil d’analyse économique ne dit pas autre chose. Ces économistes se demandent s’il ne s’agit pas d’une stratégie de la menace : pour pouvoir restructurer l’État, il faudrait au préalable le pousser à la « faillite ». C’est, ajoutent-ils, un moyen douloureux mais efficace de faire des économies et de négocier avec les syndicats en position de force. Si c’est bien votre calcul, je dénonce l’imposture qui consiste à souligner le poids de la dette, alors qu’il s’agit d’un choix. En 20 ans, le cadeau fiscal fait aux entreprises atteint 450 milliards – la moitié de la dette ! Et pour quel résultat ? »

Il faut toujours écouter les cocos de service !

6 commentaires:

  1. Je suis assez d'accord sur la fin : il y a une volonté d'assècher les caisses avant d'annoncer qu'il n'y a plus de sous et qu'il faut réformer !
    Je n'ai encore rien entendu dans les médias sur ce détail : le vote du budget ! Une censure ? :-)))

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  2. Une forme de censure ! On noie l'actualité avec des conneries et on oublie l'essentiel : où va notre pognon pour faire marcher la boutique ?

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  3. Bon, tout ça me déprime, je vais faire du shopping. Au moins cet argent-là ne partira pas en impôts !

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  4. Bah, l'argent part à l'IUMM, on le sait maintenant ! :-)))

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  5. Fil,

    Oui ! Mais dans les journaux, ce sont les syndicats qui sont montrés du bout des doigts !

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