24 octobre 2006

Attendons-nous au pire !

Eurostat a récemment sorti un nouvel indicateur permettant de comparer les finances publiques des différents états. Il présente ses finances un peu comme une entreprise le ferait dans notre bon vieux système de comptabilité (que j’ai appris en 1984…).

Je vous préviens, c’est en anglais. Il y a donc un chapitre qui s’appelle « Government balance sheet » qui ressemble un peu à un bilan. Nous avons d’un côté les actifs (le patrimoine de l’état) et de l’autre le passif (pour résumer, la tristement célèbre dette).

Nous pouvons ainsi découvrir que le passif réel est de 744 milliards d’euros (fin 2005), ce qui est moins que les 1 300 milliards de dette annoncés par tous. Attention, je ne suis pas en train de manipuler les chiffres, mais de relativiser.

Dans le blog, l’autre jour, je disais que : « En terme de dette nette, c’est-à-dire la dette brute moins les actifs financiers détenus par les administrations, la France est à 44 % du PIB nettement en dessous des pays de la zone euro – 58 % –, un peu en dessous de l’ensemble des pays de l’OCDE – 48 % – et des États-Unis – 47 %. Il n’y a donc pas de singularité française » (je ne l’inventais pas, c’est l’OFCE qui le dit !).

Donc parler de dette nette n’est pas une manipulation.

C’était le premier point que je voulais aborder : c’est nous qui sommes manipulés par les gugusses qui s’expriment un peu rapidement sur la dette. La situation des comptes publics en France n’est pas si dramatique qu’on veut bien nous le dire.

N.B. : ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. La dette est trop élevée, ça nous coûte très cher. Et surtout, ça fait trop longtemps qu’elle dure.

Si on étudie un peu plus les chiffres, on se rend compte que la dette nette a augmenté en moyenne de 7,295 milliards par an entre 1997 et 2001… et de 48,553 milliards entre 2002 et 2005, soit près de 7 fois plus.

L’autre jour, toujours dans le blog, je citais un article du Monde ou de Libé, je ne sais plus, qui disait que le patrimoine privé des français a augmenté de 6% par an de 2000 à 2005 en moyenne. Comme ce n’est pas mon patrimoine privé à moi, je suppose que c’est celui de la catégorie la plus aisée de la population.

Vu sous un autre angle, l’augmentation de la dette provient du déficit excessif. Lui-même n’est autre que du pognon injecté dans l’économie par la collectivité pour alimenter la croissance. Traduisons : l’augmentation de la dette de la collectivité permet d’enrichir le patrimoine privé de certains…

Un autre exemple : l'histoire du doublement de la PPE. C'est un truc annoncé comme étant un treizième mois pour les bas salaire. Je veux bien. Mais, concrètement, il s'agit d'un treizième mois versé par la collectivité... alors que je pensais que c'était aux entreprises, donc aux patrons, de payer les salaires. Même si à la base, ça part d'un bon sentiment, c'est quand même, en fin de compte, une vase supercherie.

J’ai également déjà dit dans le blog que ceusses qui essaient de nous culpabiliser avec la dette divisent son montant par le nombre de types vivant en France pour dire que l’on va laisser 20 000 euros de dette en héritage à chacun de nos enfants (différents chiffres circulent, j’ai également entendu 40 000 euros). C’est une supercherie. Ce qu’il faut compter, c’est la totalité de l’héritage :
- une dette publique,
- un patrimoine public,
- des dettes privées,
- un patrimoine privé.
Quand on fait les comptes, il ne faut pas oublier la moitié…

Je rappelle que je ne suis pas en train de démontrer que la dette n’est pas un problème, juste de dire qu’on est en train de nous raconter n’importe quoi pour nous faire avaler je ne sais quelle couleuvre.

C’est comme cette histoire sur les 35 heures qu’on nous annonce encore qu’elle coûte cher et qui faut la remettre en cause. Mystification. Laurent Guerby nous citais dans son blog le patron de la Coface, donc pas le premier imbécile venu, qui disait : « Sur [les exportations par tête d'habitant], la France se place au deuxième rang mondial derrière l'Allemagne et exporte 60% de plus que les Etats-Unis, 35% de plus que le Japon et 45% de plus que la Grande-Bretagne ». Si le travail était trop cher en France, ça se verrait…

Méfiance…

13 commentaires:

  1. bonjour Nicolas,

    Je suis opposé à la PPE. quelqu'un qui bosse ne doit pas être une charge pour l'état. C'est inadmissible. on ne s'en sortira donc jamais ? un chômeur coûte cher, on le sait et maintenant un travailleur aussi...
    certes, il faut inciter les gens à travailler plutôt qu'à être assisté et je sais de quoi je parle : étant chômeur j'ai touché 1200€ tous les mois, maintenant que j'ai un boulot, je touche 1000€ et des poussières. je perds 200€/mois alors que j'avais le droit encore à un an d'assédic...

    la ppe est une mauvaise solution. Ce quil faut c'est revoir à la baisse l'indemnisation des chômeurs, que cette indemnisation soit limitée à 6 mois et qu'elle soit forfaitaire ( c a d non dépendante des salaires précédents).

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  2. Tu es peut-être un peu excessif sur le chomage (à l'origine c'était une assurance, il ne faut pas l'oublier), mais sur la PPE on est à peu prêt OK. Je n'ai jamais rien compris à ce truc là. Créé par un côté et augmenté par l'autre...

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  3. Sur la dette, je suis d'accord avec toi.
    Sur les 35 heures, ne pas oublier un truc : en prévision des 35 heures, toute une floppée d'entreprises ont touché des sous de l'Etat pour les mettre en place.
    Puis, les même entreprises ont négocié un gel des salaires sur au moins trois ans pour faire passer le (pseudo) surcoût des 35 heures (à mes yeux, il n'y a pas de surcoût puisque le même travail est fait en 35 heures au lieu de 39, c'est plutôt intéressant comme mesure !).
    Au final, quand arrive la fin de la période "gel des salaires", on nous dit : ah non, les 35 heures on les retire…
    Ça ressemble à une escroquerie patronale, non ?
    :-)

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  4. Filaplomb,

    Tu as parfaitement raison. Voire pire encore. Le principal reproche fait au 35 heures par la droite est leur coût pour les finances de l'état : le chiffre "officiel" est de l'ordre de 15 milliards, mais il est surévalué. En fait, ces 15 milliards sont exclusivement des exonérations de charges...

    Or depuis, la cour des comptes a indiqué que tous les plans de réduction des charges ne servent à rien... et la droite continue à en proposer.

    Par ailleurs, les 35 heures ont permis aux entreprises de se réorganiser. Comme tu dis (?) elles en ont tiré plus de bénéfices que de désagréments.

    Les désagréments, ce sont les usagers qui en ont eus (surtout quand c'est mal négocié : de type une heure de moins par jour, ça n'a pas beaucoup d'intérêt).

    Mais ça a permis de créer 350 000 postes, ce qui mérite bien quelques inconvénients.

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  5. Nicolas : donc tu es d'accord avec moi, il faut passer directement à la semaine de 4 jours de Laroutourou (ou à peu près pour le nom !)…

    [C'est pas comme chez Eric, ici, on parle de vrais sujets !]

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  6. Non Filaplomb.

    Il faut bosser quand il y a du boulot.

    Par exemple, dans mon domaine, on a rien à foutre pendant les vacances scolaires.

    Je vais au boulot tous les jours, sauf, environ 7 semaines par an.

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  7. Sur un sujet que je ne maîtrise pas, la dette, j'ai à peu près compris...
    Compris déjà que ce n'est pas si simple et pas si catastrophique qu'on nous dit...

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  8. Filaplomb, attention, je t'ai à l'oeil!

    :=)

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  9. Eric,

    Ce sont les points surlesquels insistent nos amis politiciens qui ne sont pas si catastrophique que ça.

    Par contre, il y a des choses catastrophiques (et qui durent depuis longtemps).

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  10. Nicolas,

    Oui, bien sûr, le discours décliniste a pour but de creuser encore les inégalités, de supprimer des droits sociaux...

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  11. Aux USA, si tu regardes le rapport Z1 "Flow of Funds" sur la dette USA, au Q1 2006 on peut en deduire :

    estimated outstanding 27.1 trillions USD of total domestic non financial debt composed of 43.6% household (11.8T), 31.7% business (8.6T), 24.7% (6.7T) government (local, state and federal). USA estimated 2006 GDP is 13.0 trillions USD. All debts are growing at double digit rate in Q1 2006."

    Bref, la dette publique tant décriée aux USA n'est que 25% de la dette totale.

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  12. Bon billet.

    Et je suis en grande partie d'accord. Je rejoins d'ailleurs loïc sur le fait qu'il faut arrêter de faire payer à la collectivité ce qui peut et doit être payé par les entreprises. Le pouponnage a ses limites...

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  13. London,

    Merci de passer par ici (de chez MC, je suppose !).

    Je me rends compte que je n'ai pas répondu à Eric et à Laurent : honte sur moi...

    Je vais te dire un truc : ce billet date de l'époque où je n'étais pas dans les classements de blogs : je m'exprimais en beaucoup plus grande liberté !

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